Dans tous les pays, l’accès des femmes aux professions judiciaires fut long et difficile. Il est vrai que d’autres professions ont aussi été longtemps fermées aux femmes. Cependant partout, il a été plus facile d’accepter le métier d’avocate à celui de magistrat. Cette exclusion est à relier avec ce que représente la Justice, Pouvoir judiciaire équilibrant les pouvoirs législatif et exécutif, un des piliers de la Démocratie d après de très nombreuses Constitutions.
Aussi est-il intéressant de noter que les arguments opposés à l’entrée des femmes dans la magistrature et dans la justice sont spécifiques à ce métier. Ils ont résisté à l’Egalite entre les sexes pourtant consacrée tant dans les instruments juridiques internationaux que dans les textes nationaux et que doivent respectés tous les pays qui ont ratifié les Conventions internationales relatives aux droits humains et aux droits des femmes.
Cette équivalence Démocratie/Etat de droit est inscrite dans les Constitutions de beaucoup de pays. Les pays doivent aussi adopter les standards internationaux reconnus en la matière et complétés par les Objectifs de Développement Durable (O.M.D). Ces derniers se réfèrent explicitement à l’empowerment des femmes (objectif 5) et à la relation entre Etat de droit, Egalité entre les sexes et Accès à la justice (objectif 16).
C’est parce qu’il est reconnu que les femmes jouent un rôle central pour renforcer l’Etat de droit que des institutions internationales, telles l’IDLO s’investissent pour un plus grand empowerment des femmes professionnelles du secteur judiciaire.
Aussi pouvons-nous considérer que la place et le rôle des femmes dans les métiers de justice représentent, aujourd’hui, un indicateur des plus importants des changements profonds des sociétés et des résistances qui s’opposent à l’Egalite entre les hommes et les femmes.
Le contexte sociojuridique de chaque pays est à mettre en relation avec la reconnaissance des droits des femmes et leur participation dans les milieux professionnels. Ainsi pour la Tunisie, dès Indépendance du pays en 1956, Bourguiba 1 er président de la République, s’est engagé résolument dans la voie de la modernisation du pays : le code de statut personnel est promulgué et l’UNFT, l’Union Nationale des Femmes de Tunisie est créée. Parallèlement aux programmes lancés pour la scolarisation, l’éducation et l’entrée des femmes au marché du travail, les radios et TV ont mené des campagnes pour le Planning familial et pour l’émancipation des filles.
En quoi le contexte sociojuridique tunisien joue-t-il en faveur de la légitimation de la présence des femmes sur la scène publique en général et dans le secteur judiciaire en particulier ? Dans quelle mesure le processus de féminisation du secteur judiciaire constitue-t-il un prisme important pour s’interroger sur l’instauration des principes fondamentaux de l’Etat de droit ? La féminisation du secteur permet-elle aux femmes d’occuper des postes décision ou au contraire implique-t-elle la reproduction des normes de genre au sein de «l’espace judiciaire»?
(La publication est en copie papier à CAWTAR)
Return